TechBee

TechBee : Nouvelles technologies d'enregistrement automatique des comportements pour mesurer les effets non intentionnels du thiamethoxam chez l'abeille domestique.

2011-2013 - Programme de Recherche - FEAGA

ruche équipée de capteurs RFID reliés à un ordinateur

L'hypothèse est posée depuis les années 90 que des insecticides appliqués sur les semences de plantes cultivées, et visitées par les abeilles lors de la floraison, peuvent affecter le retour à la ruche des butineuses, entraînant des dépopulations. Pour tester en toute rigueur cette hypothèse, nous avons longtemps manqué d'outils fiables, se confrontant aux contraintes techniques pour identifier les abeilles. Pour combler cette lacune, nous avons développé l'outil RFID grâce à une démarche pas à pas, en vérifiant son innocuité, en miniaturisant les puces, en calibrant le marquage des abeilles, puis en optimisant l’acquisition des données. Grâce à l'aboutissement méthodologique et à un partenariat pluridisciplinaire associant des compétences en écologie, en écotoxicologie, en ingénierie et en appui technique à l'apiculture, nous avons montré que le thiaméthoxam, même administré à une faible dose n’entraînant pas d’effet direct sur la survie, provoque la disparition des butineuses (Henry et al., 2012a). En conditions habituelles de butinage, ce phénomène peut aboutir à un taux de mortalité deux à trois fois supérieur chez les butineuses intoxiquées. Ces résultats ont abouti au retrait de l’autorisation de mise sur le marché du Cruiser®OSR en France et ont participé à une réévaluation du risque lié à l’usage des néonicotinoïdes au niveau européen par l’EFSA.
Nous avons également mis en évidence une relation dose-réponse de l’effet du thiaméthoxam sur le vol de retour des butineuses (Henry et al., en préparation). La dose expérimentale maximale sans effet a été déterminée à 0,42 ng/abeille, alors que la dose minimale avec effet a été de 0,85 ng/abeille. Mais ces doses seuils dépendent du contexte paysager et des conditions météorologiques. Finalement, une analyse portant sur le contenu résiduel du jabot après l’administration du sirop utilisée lors des tests de vol de retour a montré que le délai de 40 min appliqué entre l’ingestion et le relâcher n’est pas suffisant pour une assimilation complète par la butineuse. Ce délai devrait être multiplié par trois pour assurer une assimilation complète du sirop administré (environ 120 min). En d’autres termes, les doses citées précédemment sont probablement surestimées.
L’influence des conditions climatiques, du paysage et de la distance entre la ruche et le point de départ de la butineuse (pas d’effet à 350 m, faible effet à 500 m, effet fort à 1000 m) expliquerait pourquoi certains apiculteurs ont rapporté une absence d’impact du Cruiser®OSR sur leurs colonies suivies. La toxicité comportementale du thiaméthoxam sur le retour à la ruche est fortement dépendante du contexte ce qui rend sa mise en évidence délicate en conditions réelles.

Taux de retour à la ruche avec (treated) ou sans (control) exposition au thiamethoxam selon que les abeilles connaissent (A) ou non (B) le trajet (...

Notre analyse de l’effet du thiaméthoxam sur l’activité pollinisatrice du colza a révélé une absence d’effet des traitements à 0,1 ou 0,5 ng/abeille. Par contre l’exposition orale et ponctuelle des butineuses à 1 ng/abeille a réduit le taux de butineuses. De plus, des tendances non significatives ont été mesurées à ce même traitement, à savoir moins de visites de fleurs, mais des visites plus longues.
Les modifications méthodologiques apporter à la méthode d'élevage des larves en laboratoire (piluliers operculés avec de la cire et placés verticalement) a largement amélioré la viabilité des abeilles adultes contrôles. Nous avons ainsi pu montrer qu'une exposition chronique au thiaméthoxam au stade larvaire affecte la survie des individus à partir de la concentration de 6 μg/kg (soit 1 ng/larve). A cette concentration, les adultes émergeants ont présenté des traits de vie (longévité, nombre de sorties, âge de la 1ère sortie, durée des sorties) similaires à ceux des abeilles non traitées.

Demandeur : ACTA

Responsable scientifique : Axel Decourtye - Unité Mixte Technologique PrADE (protection des abeilles dans l'environnement)

Partenaires : ACTA, INRAUnité Expérimentale APIS, INRA UMR 406 Equipe Pollinisation et Ecologie des Abeilles, ADAPI.

Date de modification : 14 septembre 2023 | Date de création : 26 octobre 2017 | Rédaction : Colombe Chevallereau